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L'histoire derrière le portrait de Mäda Primavesi de Gustav Klimt

29 September, 2021
Klimt, Le portrait de Mada Primavesi n'est peut-être pas son plus célèbre, mais il se distingue du lot des oeuvres de Gustav Klimt de multiples manières.

En 1912 l’artiste Autrichien Gustav Klimt peint le portrait d’une petite fille de 9 ans, le portrait de Mäda Primavesi.

Né en 1903, elle était la fille de Eugénie et Otto Primavesi, ce dernier étant à la fois un banquier et un producteur de verre d’Olmütz, dans ce qu’on nomme maintenant la république Tchèque.

Ses parents étaient connus pour organiser des réunions de salon décadentes autour du monde de l’art dans leur maison de campagne, et supportaient la communauté d’artistes et d’architectes appelés le Wiener Werkstätte. Il était donc proche de Klimt et de ses semblables.

Otto commanda à Gustav Klimt ce portrait de plus de 2 mètres, un portrait qui entrera dans l’histoire comme le seul travail majeur de Klimt qui comporte un enfant.

 

L'histoire du portrait de Mäda Primavesi

Pour sa préparation Klimt créa un ensemble d’étude présentant Mäda perché sur une chaise or étendue. La pose qu’il choisira montre la jeune fille regardant l’artiste droit dans les yeux, les jambes écartés mais plantées fermes et ses bras dans la dos comme un signe de défiance. Elle apparaît comme les sujets adulte de Klimt – elle démontre sa confiance en elle.

« Mäda Primavesi était, en elle même, déjà une jeune fille indépendante et assurée, qualités parfaitement capturées par le portrait. » (Metropolitan Museum)

Elle se démarque des autres portraits de par son âge et son regard effronté.

Pour moi le portrait est sans égal parmi les œuvres de Klimt, elle  avait à peine 9 ans ; elle se dresse droite, rencontrant le regard du spectateur sans timidité. Fermement ancrée sur ses jambes, un peu comme la tour Eiffel. Bien que son regard soit inébranlable, ses mains – qui jouent pourtant un rôle majeur dans les portraits de Klimt – restent cachées derrière son corps.
— Tobias G. Natter

Dans une interview avec le New-York Times de 1987, Mäda – ou plutôt Gertrude de son nom d’alors – se rappelle le temps passé avec le grand maître,  connu pour ses œuvres à la feuille dorée, comme « Le baiser ». Elle explique comment sa famille se rendait à Vienne, en Autriche, tous les quelques mois, pour des durées d’environ 10 jours. Entre toutes ses sessions avec Klimt, elle estime qu’il a du la croquer plus de 200 fois.

Mäda raconte Klimt comme quelqu’un d’affreusement calme, un homme absolument tolérant de son impatiente jeunesse. « Je lui ai demandé si il pouvait écrire quelque chose sur mon livre » dit-elle, en référence à un livre d’autographes qu’elle gardait en étant plus jeune. « Il y écrivit : Le jour est comme la nuit à moins que je te voie. Je suis plus heureux en rêvant à toi. »

La famille Primavesi vendit le portrait en 1930 et il finit au Met (Metropolitan Museum of Art) en 1964. Dans l’année 1914 Klimt peignit aussi le portrait de sa mère Eugénie. Ce portrait était considéré comme perdu pendant la guerre jusqu’à ce que Mäda le mette en vente en 1987. À cette époque, Mäda – qui s’éteignit en 2000- était le seul sujet de Klimt encore vivant.

De nos jours l’image de la jeune Mäda persiste. Bien qu’il soit facile de jeter un coup d’œil distrait et de ne jamais se poser la question de qui est l’enfant qui vous regarde droit dans les yeux, il fait chaud au cœur de savoir que la gamine effrontée avec ses mains sur les hanches était aussi captivante dans la vie qu’elle le paraît sur la toile.

Dans le portrait de Mäda Primavesi de Gustav Klimt, elle apparaît comme si elle n’allait se laisser embêter par personne. Cela peut être considéré comme en richesse en soi, mais le tableau est encore plus jouissif si sa pose est considérée comme une poussé consciente envers la société de l’époque qui l’oppressait à la fois en tant que femme et en tant qu’enfant.

Tag(s) :  Klimt , Tableau