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Impressionnisme : Art et modernité

05 June, 2022
L'Impressionnisme fût tout d'abord un nom donné à un ensemble d'artistes qui se démarquaient à l'époque des artistes contemporains plus classiques.

L'Impressionnisme fut créé en 1874 par un groupe d’artistes qui s'appelait : "Le Cercle Anonyme des Peintres, Sculpteurs et Imprimeurs", et qui organisa sa première exposition à Paris. Ses membres fondateurs comprenaient Claude Monet, Edgar Degas et Camille Pissarro, entre autres. Le groupe était unifié seulement par son indépendance par rapport au Salon annuel officiel, pour lequel un jury d’artistes appartenant à l’Académie des Beaux-Arts sélectionnait les œuvres et attribuait les médailles.

 

La variété des Impressionnistes

Les artistes indépendants, malgré leurs diverses approches de la peinture, apparurent comme un groupe pour leurs contemporains. Pendant que les critiques conservateurs démolissaient leurs œuvres en les qualifiant d’inachevée, ressemblant à des croquis, certains critiques, plus progressistes, en faisaient les louanges pour leur représentation de la vie moderne. Edmond Duranty, par exemple, dans son essai de 1876, La Nouvelle Peinture, décrivait leurs représentations de sujets contemporains dans leurs styles particuliers comme une révolution dans le monde de la peinture. Le collectif des exposants évita de choisir un nom qui suggérerait une unité de style ou d’école, bien que certains adoptèrent par après le nom par lequel ils finirent par être connus : les Impressionnistes. Leurs travaux sont aujourd’hui reconnus pour leur modernisme, incarné par son rejet des styles établis, l’incorporation de nouvelles technologies et de nouvelles idées, et sa représentation de la vie moderne.

 

Le tableau de Claude Monet, Impression, Soleil Levant, exposé en 1874, donna au mouvement Impressionniste son nom, quand le critique Louis Leroy l’accusa d’être un croquis ou une « Impression », non pas un tableau fini. Il exhibait les techniques que la plupart des Artistes Indépendants adoptaient : des coups de pinceaux courts et cassés qui représentaient à peine des formes, des couleurs pures et pas mélangées, et une mise en avant du jeu de la lumière. Plutôt que d’utiliser des blancs, des gris et des noirs, les Impressionnistes rendaient les ombres et les lumières en couleurs.

 

Le côté imprécis du travail des artistes donne un effet de spontanéité et de facilité qui masque souvent la complexité de leurs compositions, construites avec un soin extrême, comme dans le tableau d’Alfred Sisley, de 1878, L’allée des Marronniers. Ce style qui paraît décontracté devint largement accepté, même au Salon officiel, comme la nouvelle façon de dépeindre la vie moderne.

 

En plus de leurs techniques radicalement différentes pour l’époque, les couleurs vives des tableaux Impressionnistes étaient choquantes pour des yeux plus habitués aux couleurs sobres des peintures académiques. La plupart des Artistes Indépendants choisissaient de ne pas appliquer la couche épaisse de vernis doré que les autres artistes utilisaient habituellement pour atténuer les couleurs.

 

Les peintures utilisées étaient également plus vives. Le dix-neuvième siècle vit le développement de pigments synthétiques pour les peintures utilisées par les artistes, donnant des tons vibrant de bleus, jaunes et verts que les peintres n’avaient jamais utilisés auparavant. Le tableau d’Edouard Manet, En Bateau, par exemple, emploie surtout le nouveau Bleu Céruléen et le synthétique ultramarine. Dépeint dans un cadrage radical en gros plan, inspiré des compositions . Japonaises, le tableau du plaisancier à la mode et son amie représente la modernité dans la forme, le choix du sujet, et jusqu’aux matériaux utilisés dans sa création.

 

Ces images de loisirs à la campagne et dans les banlieues en dehors de Paris était un sujet fétiche des Impressionnistes, notamment pour Monet et Renoir. Beaucoup d’entre eux vivaient à la campagne le plus clair du temps. Les nouvelles lignes de chemin de fer qui irradiaient depuis le centre de Paris rendaient le trajet si pratique que les Parisiens partaient en masse à la campagne tous les week-ends.

Monet, La grenouillère

Bien que certains Impressionnistes, comme Pissarro, préféraient peindre la vie villageoise à Pontoise, la plupart des autres avaient tendance à dépeindre les passes temps ruraux des Parisiens. Les établissements de navigation et de baignade florissants dans ces endroits devinrent des sujets favoris. Dans son tableau La Grenouillère de 1869, par exemple, le style relâché de Monet complémente les activités qu’il met en scène. Les paysages, proéminents dans l’art Impressionniste, se sont vus actualisés dans des compositions innovantes jouant sur les lumières et les couleurs. Monet, en particulier, mis l’accent sur la modernisation du paysage en incluant dans ses toiles des chemins de fer et des usines, signes de l’empiètement de l’industrialisation, ce qui aurait paru saugrenu aux peintres de l’école de Barbizon qui appartenaient à la génération précédente.

 

L'approche de la modernité

L’endroit qui représentait le mieux la modernité à la fin du 19ᵉ siècle était la ville de Paris elle-même, rénovée entre 1853 et 1870 sous l’Empereur Napoléon 3. Son préfet, le baron Haussmann, en fit les plans, détruisant les vieux immeubles pour créer plus d’espace pour une ville plus propre et plus sûre. Le siège de Paris, pendant la guerre Franco-Prussienne (1870-71), y contribua également puisqu’il a fallu reconstruire les parties de la ville détruites.

 

Des Impressionnistes comme Pissarro et Gustave Caillebotte peignirent la ville en cours de rénovation avec enthousiasme, employant leur nouveau style pour représenter ses larges boulevards, ses jardins publics et ses grands immeubles. Pendant que certains se concentraient sur l’architecture de la ville, d’autres se préoccupaient de ses habitants. L’explosion de la population parisienne après la guerre Franco-Prussienne leur offrit un énorme choix de sujets pour leurs scènes de vie urbaine. Une caractéristique de ces scènes était la mixité des classes sociales qui se croisaient dans les lieux publics. Degas et Caillebotte s’intéressaient aux travailleurs, ce qui incluait les chanteurs et danseurs, aussi bien que les ouvriers. D’autres, comme Berthe Morisot et Marie Cassatt, peignaient les classes privilégiées. Les Impressionnistes peignaient aussi de nouvelles formes de divertissements, comme le théâtre, les cafés, les concerts populaires et les danses.

 

Prenant une approche semblable à celle des écrivains Naturalistes, comme Émile Zola, les peintres saisissaient des moments fugaces, et pourtant typique de la vie des sujets qu’ils observaient. Le tableau de Caillebotte, Rue de Paris, Temps de Pluie, est un exemple de comment ces artistes abandonnèrent les représentations sentimentales et les narrations explicites, pour adopter une vue plus détachée et objective qui dépeint purement ce qu’il se passe.

 

La fin du mouvement Impressionniste

Le collectif des indépendants eu une adhésion fluide tout au long des expositions qu’il organisa entre 1874 et 1886, avec le nombre d’artistes participants qui varia de neuf à trente. Pissarro, le plus ancien, fut le seul à participer aux huit expos, pendant que Morisot exposa, lui, à sept d’entre elles. L’idée d’une exposition indépendante fut discutée dès 1867, mais la guerre Franco-Prussienne éclata. Le peintre Frédéric Bazille, qui menait l’initiative, fut tué durant la guerre. Les expositions qui suivirent furent gérées par différents artistes. Les opinions politiques et philosophiques des artistes participants suscitèrent de chauds débats et à des désistements, ce qui causa des fluctuations parmi les donateurs. Elles inclurent même des œuvres d’artistes conservateurs qui refusaient simplement de soumettre leurs œuvres au jury du Salon. Paul Cézanne et Paul Gauguin participèrent également, même si leurs styles respectifs évoluèrent différemment de leurs premiers travaux avec les Impressionnistes.

 

La dernière exposition des Indépendants en 1886 vit aussi le début d’une nouvelle phase dans la peinture d’avant-garde. À cette époque, peu des exposants travaillaient d’une manière propre à l’Impressionnisme. La plupart des membres fondateurs avaient développé leurs propres styles, ce qui causa des ruptures dans la cohésion du groupe.

 

Pissarro encouragea la participation de Georges Seurat et Paul Signac, en plus d’adopter leurs nouvelles techniques basées sur des points de couleur pures (Pointillisme), connut comme le Néo-Impressionnisme. Le jeune Gauguin faisait des essais avec le Primitivisme. Le Symboliste naissant, Odilon Redon participa aussi, malgré son style qui n’avait rien à voir avec celui des autres. À cause des différences de style et de philosophie dans le groupe, et à cause du besoin de gagner leur vie, des membres qui constituaient le noyau dur du groupe exposaient dans des endroits où leurs œuvres avaient des chances de se vendre.

 

Ses multiples facettes et ses participants variés font du mouvement Impressionniste un mouvement difficile à définir. En vérité, sa vie fut aussi fugace que les effets de lumières qu’il voulait capturer. Malgré tout, l’Impressionnisme fut un mouvement aux conséquences qui perdurent, comme son adoption de la modernité en fit le tremplin du mouvement Avant-Gardiste en Europe.