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3 inventions qui ont révolutionné l’art de la peinture

15 June, 2022
L'artiste qui peint à son chevalet, sur sa toile, ne date que d'hier ! Les créations artistiques dépendent des outils dont on dispose pour les créer.

C’était vrai pour les premiers dessins préhistoriques dans les grottes de Lascaux, et ça l’est encore aujourd’hui. Certaines innovations artistiques datent d’il y a seulement quelques siècles. Cependant, elles sont tellement engoncées dans la conscience moderne, que l'on peine à imaginer ce que l’art de la peinture serait sans elles.

 

La palette du peintre

Si vous étiez un peintre du Moyen Âge, vous auriez à séparer vos précieux pigments dans autant de bols. Vous devriez ainsi les aligner devant votre plan de travail, en courant le risque de mélanger les peintures accidentellement. Cette méthode pour le moins contraignante et inefficace a conduit à l’invention de la palette d’artiste, qui offrait aux peintres plus de mobilité et de productivité dans leur métier. Les peintres étaient d’ailleurs à l’époque des artisans, pas des artistes, et ils étaient payés à la tâche.

 

Bien que l'on ne sache pas réellement quand a été inventée la palette du peintre, quelques-unes des plus anciennes représentations de celle-ci – une surface plate, généralement en bois, sur laquelle on arrange la peinture en petits blocs – nous vient du « De Mulieribus Claris », une collection de biographies de femmes célèbres par l’universitaire Italien Giovanni Boccaccio en 1374. Plusieurs illustrations du livre nous montrent des femmes en train de peindre, s’aidant d’un petit disque en bois avec des petites taches de peintures sur le dessus. Une femme, concentrée sur un autoportrait, a une palette sur son bureau en forme d’étoile à 9 branches ; la palette apparaîtra de nouveau, cette fois dans sa main, alors qu’elle travaille sur une composition de La Madone et l’Enfant.

 

À partir du 16ᵉ siècle, la palette que nous connaissons – en forme de haricot, avec un trou pour le pouce — a émergé, comme on peut la voir dans un portrait gravé du peintre flamand Hans Bol, où il pose élégamment habillé avec sa palette à la main.

Hans Bol avec une palette de peintre

Des palettes rectangulaires étaient aussi utilisées par les peintres flamands comme Dirck Jacobsz, qui en inclut une dans un portrait de 1550, et le peintre Maniériste Hollandais Joachim Wtewael dans un autoportrait de 1601.

 

Presque toutes les premières représentations de palettes nous viennent de l’Europe du Nord, mais on sait par l’ « Autoportrait comme Allégorie de la peinture » (1630) d’Artemisia Gentileschi et le portrait de groupe « Las Meninas » (1656) de Diego Velazquez, qu’elles avaient atteint d’autres parties de l’Europe dès la moitié du 17ᵉ. Très peu de choses ont changé quant à cet outil classique de l’artiste peintre depuis cette époque, autre que l’introduction de matériaux moderne comme le plastique, l’acrylique ou le verre sécurité comme alternative au bois.

 

 

La toile à peindre

Introduite en Italie au 14ᵉ siècle comme une alternative moins coûteuse au panneau de bois, la toile à peindre est un tissu solide, et tissé très fortement serré, qui est souvent traité avec un gesso (couche de fond de préparation pour la peinture) et est tendue sur un châssis en bois.

 

Bien qu’une surface plus lisse et un coût de revient plus avantageux, aient fait de la toile le support le plus prisé pour la peinture de nos jours, cela a pris des siècles. Ceci peut être dû au fait que la plupart des œuvres de la Renaissance étaient destinées à des familles riches qui préféraient décorer leurs habitations d’ornements ostentatoires, afin de se mettre en valeurs quand leurs amis les visitaient. Les travaux sur toile étaient considérés de moindres importances, et de ce fait étaient réservés pour les habitations secondaires ; Sandro Botticelli peignit son chef-d'œuvre « La naissance de Vénus » pour la villa Medicis di Castello sur les collines Toscanes.

 

Dès le 16ᵉ siècle, les artistes italiens et leurs clients ont commencé à réaliser que le bois était sujet à putréfaction, et la toile devint la surface idéale pour la peinture d’art. Les meilleures toiles étaient tissées à Venise et elles se rependirent dans toute l’Europe, où elles prirent la place du traditionnel panneau de bois qui régnait en maître depuis des siècles. Même un artiste dévoué au panneau de bois comme Rubens se mit à peindre sur de la toile. Sa première expérience avec la surface, « La chasse au loup et au renard »(1616), aida à populariser la toile dans sa Flandre natale, et à partir du 18ᵉ siècle, elle devint le support « obligatoire » pour peindre.

 

 

Le tube de peinture

Il est bien connu que les Impressionnistes ont révolutionné le monde de la peinture à la fin du 19ᵉ siècle, apportant l’aube de l’art moderne.

 

Mais, les amateurs d’arts doivent remercier une personne autre que Claude Monet, Pierre-Auguste Renoir, Edgar Degas ou le reste de ce cercle parisien, pour leur contribution à l’histoire de l’art : l’Américain portraitiste John Goffe Rand. Bien qu’il s’éteignît en 1873, un an avant la première exposition des Impressionnistes, il a concouru seul (bien qu’indirectement) à donner vie au mouvement, avec son invention : le tube de peinture !

 

Vers les années 1840, Rand vivait à Londres et était de plus en plus frustré par la courte durée de vie de ses peintures à l’huile ; il les trouvait souvent sèchent avant même de les avoir utilisées.

 

À cette époque, il y avait deux méthodes pour stocker la peinture :

1) dans de fragiles pots en verres ou dans des seringues, qui étaient difficiles à transporter

2) dans des vessies de porc, que les artistes remplissaient de pigments avant de les fermer avec une ficelle.

 

Pour accéder aux couleurs, les artistes comme Rand faisaient un trou dans la vessie et grattaient autant de peinture que possible ; parce que le trou ne pouvait être refermé, tout ce qui n’était pas utilisé était perdu.

 

En 1841, Rand eut une épiphanie : de petits tubes de métal rendrait la conservation de la peinture plus simple, plus propre et plus facile à manipuler et à transporter, tout en accroissant sa longévité.

 

Le 6 mars, il déposa la patente pour ces « tubes de métal pliant » et ils connurent un succès foudroyant.

 

Avec cette invention géniale, les artistes pouvaient emmener avec eux autant de couleurs qu’ils voulaient, où ils le désiraient – que ce soit un café, un champ ou un jardin. Le tube permettait également aux artistes de travailler différemment, en appliquant, par exemple, d’épaisses couches de peintures directement depuis le tube (Impasto).

 

Évidemment, les impressionnistes – dont les pratiques étaient distinctement tributaires de toutes ces approches – utilisaient énormément le tube de peinture de Rand, qui leur donnait la possibilité d’aller peindre directement dehors, et non plus en studio, le monde s’étalant devant leurs yeux. En effet, comme le fît remarquer Renoir, « Sans les tubes de peintures de couleurs… il n’y aurait pas eu d’Impressionnisme. »

 

Le tube de peinture était une révolution bien au-delà de la France de Monet, améliorant la situation des artistes partout dans le monde. En 1904, le chimiste anglais William Windsor ajouta un bouchon à vis au tube de Rand, permettant aux artistes de conserver leurs pigments pour un usage ultérieur. Les producteurs de pigments ont pu alors produire et vendre les peintures en gros, sans crainte de voir leur stock sécher, réduisant ainsi les coûts. Ces peintures produites industriellement étaient également plus consistantes et pouvait être dilué avec des produits comme la térébenthine – autorisant encore plus d’expérimentations par les artistes.

Tag(s) :  Techniques

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